6 ème Forum Panafricain sur la Migration (PAFOM 6)

Image

Sur invitation de l’OIM, nous avons participé au 6 ème Forum Panafricain sur la Migration (PAFOM 6) qui a lieu à Dakar, à l’Hôtel King Fahd Palace.

Ce Forum a démarré le 10 septembre 2021 par un événement parallèle sur « les Statistiques de la migration de la main-d’œuvre ». Cet événement a démarré par une cérémonie officielle d’ouverture marquée par les prises de parole des personnalités suivantes :

  • Le Représentant de l’OIM : qui est revenu, entre autres questions, sur la nécessité de trouver de nouveaux moyens de collecter des données sur les questions de migration en lien avec le travail ;
  • La Représentante de l’Union africaine : elle a relevé l’absence de définition harmonisée sur les « migrants » et « la migration », non sans relever que la maîtrise des statistiques sur la migration constitue un défi majeur à relever ; elle a évoqué les trois (03) rapports élaborés et qui porté sur « les statistiques et la Migration en Afrique ». Elle a également mis le focus sur l’observatoire africain sur les Migrations ainsi que sur les grandes décisions prises par la Commission de l’Union africaine, en particulier sur les questions de migration ;
  • Le Chef de la Division Emploi et Migration à l’UA a quant à lui mis le doigt sur la nécessité d’améliorer les mécanismes nationaux de coordination des données sur les questions de migration et développement ;
  • Monsieur NDOUR, de l’ANSD, représentant le Gouvernement du Sénégal, a prononcé le discours d’ouverture de cet événement parallèle ; il est également revenu sur les problèmes de maîtrise des statistiques en lien avec les flux migratoires ; il a rappelé que seuls 11 pays sur 55 ont transmis des données lors de l’élaboration des 3 rapports évoqués plus haut et produits par l’UA ; il a évoqué la nécessité de lever les contraintes sur la disponibilité des données sur les migrations et la main-d’œuvre ; au nom de l’ANSD, Monsieur NDOUR s’est engagé à accompagner les acteurs sur cette question.

Après la cérémonie officielle d’ouverture, cet événement parallèle a été marqué par plusieurs communications qui ont relevé les points d’attention suivants :

  • Environ 26,3 millions de migrants sont dénombrés en Afrique dont 20,2 millions ont moins de 16 ans ;
  • Les 3 rapports produits ont révélé des déficiences en termes de disponibilité d’informations sur les activités économiques, l’éducation, l’emploi, etc., d’où la nécessité de maximiser les sources de données, notamment administratives ;
  • La formation des migrants qui n’est pas effective, notamment avant d’arriver dans le pays de destination, au travers des « couloirs de la migration » ;
  • L’appui aux migrants pour qu’ils puissent s’intégrer et avoir accès aux Services de santé et de sécurité sociale ;
  • La jeunesse de la population africaine, contrairement à celle européenne qui est relativement vieillissante ;
  • Le manque d’ajustement entre les différentes sources de données ;
  • La nécessité d’harmoniser les concepts sur Migration et Développement ;
  • Le nombre relativement important de migrants de retour qui ne détiennent pas de documents de voyage (35%) ;
  • 62% des migrants qui reviennent sont des femmes, donc 38% pour les hommes ;
  • Le problème de reconnaissance des diplômes des migrants dans les pays de destination ou d’accueil ;
  • Etc.

Le PAFOM 6 proprement dit a été ouvert le 11 septembre 2021 par Madame le Ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur. Au cours de la cérémonie officielle d’ouverture, les autorités suivantes ont pris la parole :

  • Madame Aissata KANE de l’OIM (Conseillère régionale pour l’Afrique au Sud du Sahara) qui a indiqué qu’il faut miser sur une mobilité humaine renforcée ; elle a relevé aussi que les travailleurs migrants sont au 1 er rang dans le cadre de la lutte contre la COVID 19 ;
  • Madame Cynthia Samuel OLUNJOWON (Directrice régionale pour l’Afrique de l’OIT) qui était en ligne a indiqué qu’il faut aller vers une meilleure coordination des actions entre les différents partenaires ; selon elle, une bonne politique de migration peut contribuer au développement économique et social d’un pays ; elle a ajouté aussi que le processus de migration implique de nombreux défis (économique, social, sécuritaire, etc.) ;
  • Le Représentant de la CEDEAO quant à lui a relevé que les principales causes de la migration peuvent être liées à beaucoup de facteurs combinés, notamment démographiques, économiques, environnementaux, sociaux, sécuritaires, etc. ; il a formulé le souhait de passer de la CEDEAO des Etats à celle des peuples ; il a aussi le droit au transfert des ressources (ou bien) des migrants dans leurs pays d’origine ; selon lui, la migration doit être un levier de développement aussi bien pour les pays de départ que d’accueil ;
  • Madame CISSE Mariama MOHAMMED (Directrice du Département santé, développement humanitaire et social de l’UA) est revenu sur la nécessité d’une harmonisation entre les différents mécanismes qui travaillent sur la collecte de données et la production de connaissances sur la migration ;
  • La Président du PAFOM 5, après avoir adressé des remerciements aux autorités du gouvernement du Sénégal, pour avoir accepté d’accueillir le PAFOM 6, elle a magnifié l’appui des autres partenaires, en particulier ; elle est revenue sur la nécessité d’avoir des données harmonisées sur toutes les problématiques liées à la migration ; elle a relevé le fait que la COVID 19 a impacté négativement la mobilité des migrants, avec une baisse des transferts financiers, d’où l’importance pour elle de renforcer la coopération économique ;
  • SE Madame Aïssata Tall SALL, Ministre des affaires étrangères et des sénégalais de l’extérieur, qui est revenue sur l’influence du terrorisme sur certains migrants, non sans évoquer les différentes crises (sanitaire, économique, sécuritaire, environnementale) qui affectent la migration ; elle a lancé un appel à l’ensemble des participants, pour une meilleure gestion des migrations.

Après cette session d’ouverture officielle du PAFOM 6, il a été question de présenter les résultats du PAFOM 5, présentation faite par la Présidente (originaire d’Egypte). Celle-ci, après avoir fait le bilan, en termes de réalisations faites, s’est engagée au nom de son pays (Egypte) à accompagner le Sénégal qui doit prendre le témoin.

Monsieur le Secrétaire d’Etat en charge des sénégalais de l’extérieur a accepté de recevoir le témoin, pour présider le PAFOM 6.

Après cette cérémonie protocolaire, plusieurs autres sessions thématiques ont été déroulées et ont permis de soulever plusieurs questions en lien avec la migration de la main-d’œuvre. On peut citer entre autres :

  • La non-prise en charge de la sécurité sociale des migrants ;
  • L’inspection médicale de la main-d’œuvre qui fait défaut ;
  • La promotion de la main-d’œuvre locale pour faire face à la migration non-régulière ;
  • L’urgence d’accorder une attention particulière aux jeunes pour leur donner des emplois ;
  • La nécessité de combattre la xénophobie et la discrimination sur tout le long du parcours migratoire ;
  • Amener les Etats à adopter le protocole de libre circulation des personnes et des biens ;
  • Quid du Code du travail de la CEDEAO ?
  • La coordination des actions des Etats face à la COVID 19 ;
  • Négocier des accords bilatéraux entre Etats pour renforcer les capacités des migrants ;
  • Etc.

Les principales questions évoquées lors de la journée du 12 septembre 2021 concernent :

  • L’amélioration de la qualité des données relatives à la migration et particulièrement celle de la main-d’œuvre ;
  • Le renforcement de la coopération dans le cadre de la collecte de données sur la migration, entre les différentes institutions et les différents pays ;
  • La nécessité d’avoir de bonnes sources et des sources fiables de données ;
  • L’identification des compétences et qualifications des migrants ;
  • La reconnaissance de ces compétences et qualifications dans les pays d’accueil ;
  • La vérification de l’authenticité des documents de voyage ;
  • La prise en compte des immigrés dans les statistiques nationales ;
  • La formation des candidats à l’émigration ;
  • L’urgence d’engager certains Etats africains à ratifier l’accord relatif à la Zone de Libre Echange en Afrique (ZLECAF) ;
  • La gestion des frontières et celle des visas au niveau des espaces communautaires et au niveau continental ;
  • La création d’une compagnie aérienne africaine ;
  • La réduction des frais de transfert de fonds de la diaspora.

Conclusion :

Au total, 42 Etats membres et plusieurs organisations communautaires ont pris part à ce PAFOM. Parmi les participants, on peut citer aussi le Forum des maires, les Organisations des Nations unies, les universitaires, les acteurs de la Société civile, etc.

Des questions clés sont revenues plusieurs fois dans les discussions et concernent :

  • L’adoption d’un système harmonisé de collecte de données sur la migration ;
  • La protection sociale des migrants qui doit constituer une priorité ;
  • La promotion du retour et de la réintégration des migrants.

Préciser aussi que la cérémonie officielle de clôture a été présidée par Monsieur le Secrétaire d’Etat en charge des Sénégalais de l’Extérieur.

Compréhension globale et leçons apprises :

Ce forum nous a permis de cerner les dynamiques qui sont en cours au niveau africain sur les questions de migration et développement, en particulier sur la production de connaissances, la mobilisation des données statistiques sur la migration, le transfert des ressources, la prise en compte des droits notamment des femmes et des enfants, la mobilité de la main-d’œuvre, etc.

Il urge pour nous de capitaliser les différentes expériences dont nous avons pris connaissance, pour renforcer les initiatives actuellement en cours dans la région de Sédhiou.

 

Recommandations clés :

  • Renforcer les capacités des Etats membres en matière de collecte de données sur Migration et main-d’œuvre ;
  • Partager des informations et/ou statistiques à travers différentes Plateformes sur les questions de migration ;
  • Décentraliser la collecte des données au niveau des Collectivités territoriales (CT), afin de disposer de statistiques désagrégées ; ce qui permettra en même temps d’impliquer les acteurs territoriaux (élus, autorités administratives, Structures d’appui aux CT, organisations locales de la Société civile, organisations féminines et de jeunes, etc.) ;
  • Associer les autorités locales (les organisations faitières de Communes et de Villes) dans la gestion de la migration et particulièrement dans la gouvernance de la migration de la Main-d’œuvre ;
  • Veiller à la fiabilité et à la complétude des données sur les flux migratoires ;
  • Développer des stratégies de collecte de données sur la migration au niveau des différents consulats du Sénégal, en s’appuyant sur les Associations de migrants ou de diasporas ;
  • Tenir compte des savoir-être et savoir-faire endogènes des migrants, en termes d’informations qualitatives à collecter ;
  • Mettre en place un mécanisme sous - régional de partage d’informations sur la Migration de la Main-d’œuvre ;
  • Impliquer les structures d’appui technique aux CT, au niveau décentralisé, dans la collecte des données migratoires ;
  • Promouvoir les intercommunalités transfrontalières pour faciliter la prise en charge efficace et efficiente des questions migratoires ;
  • Etc.

Perspectives :

  • Partager le rapport du PAFOM sur la Plateforme HOM
  • Contribuer à la production de connaissances sur la migration en rapport avec les Structures étatiques et celles des Organisations des Nations unies et de la Société civile (nationale comme locale) ;
  • Contribuer à la création d’emplois pour les jeunes, à travers le financement de projets avec le PAICODELS 2 ;
  • Participer au prochain PAFOM pour apprécier les résultats atteints et partager d’autres expériences ;
  • Etc.

 Sédhiou, le 15 septembre 2021                                                             Nfaly BADJI, Directeur ARDS